La Microentreprise dans le Première Monde et le Tiers Monde

Mark Schreiner

(2000) Working Paper 00-2, Center for Social Development, Washington University in St. Louis.
 

Les programmes de microcrédit au Première Monde sont confrontés à des contraintes inexistantes dans le tiers monde:
-- L'importance du travail salarié et le système de prise en charge sociale limitent l'incitation à recourir à l'autoemploi.
-- Les contraintes réglementaires et les impôts sont plus nombreuses.
-- Les prêts à des groupes solidaires ne fonctionnent pas aux états unis.
-- Les entrepreneurs aux bas revenus ont besoin de se construire un capital humain et financier mais les coûts de formation sont très couteux et sur le capital financier peu de choses sont faites pour favoriser la constitution d'une épargne.

En fin, le développement de la microentreprise au Première Monde est plus difficile que dans le tiers monde.

1. Des structures pour inciter à l'innovation

Les structures de microcrédit dans le tiers monde réduisent leurs coûts à travers des formules innovantes pour les produits de crédit. Au Première Monde l'innovation est beaucoup plus difficile, l'accent est mis sur les "best practices" et les fonds se concentrent sur quelques programmes reconnus comme les plus performants quelquesoit leur capacité à innover. Le microcrédit au Première Monde en est encore au stade de recherche développement et les bailleurs de fonds devraient soutenir ceux qui réellement tentent de proposer de nouveaux outils pour réduire les coûts de transactions et augmentent le bénéfice pour les clients. Un système d'évaluation des administrateurs sur le long terme devrait être mis en place à la fois sur l'utilisation des fonds et sur le nombre de bénéficiaires.

2. Les coûts et les résultats

On peut facilement réduire les coûts en diminuant les résultats. Une première étape consisterait donc à mesurer à la fois les coûts et les résultats. Dans le Tiers Monde ce type d'évaluation est facteur d'innovation. Beaucoup de structures de microcrédit aux USA relatent des histories de suces mais il n'y a pas de réelle évaluation sur les coûts. Une analyse met toutefois en évidence que pour $1 prêté cela coûte environ $1,5. Le fait que ce soit un coût elevé ou non n'est pas la question, ce qui compte est de se donner les moyens pour évaluer ces coûts.

3. Le filet de sécurité

Les conditions matérielles ne sont pas favorables à l'auto emploi. Toutefois il reste préférable d'avoir des emplois salariés, un filet de sécurité, des impôts et une législation appliquées plutôt qu'un contexte favorable à la microentreprise comme on le trouve dans le Tiers Monde. Le but des programmes d'appui au Première Monde sont plus le bien être global que le soutien à la microentreprise en tant que telle.

4. Epargne et endettement

Les pauvres au le Première Monde sont plus confrontés à un manque d'épargne qu'un manque de crédit. Il est toujours possible à travers sa carte de crédit d'obtenir un prêt d'un petit montant. Pour les montants plus importants il faut des garanties, des actifs et donc de l'épargne. Comment aider à la constitution d'une épargne. Une des réponses est le programme IDA (sorte de plan d'épargne entreprise).

5. Rester modeste

"La microentreprise n'est pas la panacée mais une vitamine". Le but n'est pas de promouvoir mais d'améliorer en ne surestimant pas les bénéfices de l'outil. Le microcrédit ne résoudra pas le problème de la pauvreté urbaine. La recherche de fonds a tendance à surévaluer le potentiel et à sous évaluer les difficultés.

6. De l'expertise

Les acteurs des services sociaux ne se transforment pas en bons "banquiers" ou "entrepreneurs". Une certaine expertise est nécessaire dans les programmes de microcrédit et les bonnes intentions ne sont pas suffisantes.

7. Formation et prêts

Au Première Monde on met plus l'accent sur la création d'entreprises plutôt que sur le soutien aux entreprises existantes officiellement ou informellement contrairement aux programmes dans le Tiers Monde. Il est difficile de faire de la formation à des personnes qui n'ont pas encore été confrontées à la réalité de la gestion d'une microactivité.

8. Suivi

Il est difficile de suivre les résultats de la microentreprise. Le taux de remboursement est un bon indicateur mais pas forcément suffisant.

9. Travail salarié et formation

Un bon programme d'appui à la microentreprise ne doit pas encourager mais au contraire être capable de décourager la création d'une entreprise pour plutôt favoriser une orientation vers du travail salarié et de la formation qui sont également des moyens de lutter contre la pauvreté.

10. Les banques et la CRA

Quelques banques remplissent leurs obligations vis à vis de la CRA en donnant des fonds à des organismes non lucratifs qui octroient des fonds à des microentrepreneurs. Une pression doit être faite pour que les banques assurent eux mêmes leurs fonctions pour quelles développent des produits de crédit adaptés. En même temps on s'aperçoit que les programmes d'appui à la microentreprise ont besoin des fonds des banques pour fonctionner et ne font pas confiance aux banques pour s'orienter vers ce type de clientèle. Une solution pour contourner cette utilisation de la loi est de ne pas reconnaître l'octroi de fonds accordés à des associations qui exercent des activités similaires à l'activité des banques.

Je remercie a Pierret Dorothée pour avoir fait la traduction de la sommaire de cette article.

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